Phalaenopsis tetraspis, fiche descriptive et de culture d'Alexandre (Sycomore)
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Phalaenopsis tetraspis, fiche descriptive et de culture d'Alexandre (Sycomore)
Cette fiche a magistralement été rédigée par Alexandre (Sycomore)
Phalaenopsis tetraspis Rchb.f 1870
Endémique des îles Andaman et Nicobar et de Sumatra.
Pousse principalement en épiphyte sur les mangroves là où l’eau est encore douce et parfois en lithophyte au niveau de la mer.
J’ai décidé à mon échelle de mettre un peu plus en lumière ce cas très spécifique qui est encore sujet à controverse. Voici ce que j’en ai compris, bonne lecture.
La lutte entre Phalaenopsis tetraspis & speciosa.
L’espèce tetraspis est décrite en 1870 par Reichenbach, puis dix ans après c’est au tour de speciosa d’apparaître, tous deux à partir d’échantillons séchés récoltés au même moment (les herbiers ne retranscrivent que partiellement les couleurs on peut difficilement se baser là-dessus).
Les premiers éléments cités pour différencier les deux taxons ne font pas office d’arguments suffisants. (Floribondité -> dépend de la vigueur de la plante, taille des feuilles -> de son âge, morphologie des racines -> du support, période de floraison -> finalement similaire).
Les éléments suivant ont été avancé par Sweet en 1968 et font part de disparités entre les labelles
« Un lobe médian du labelle plus court, et une masse de trichomes plus arrondies qui est située dans le 1/3 inférieur du lobe médian. Chez tetraspis, les trichomes sont plus répartis dans une formation ovoïde qui remonte le long de la carène centrale. » description du croquis de Sweet par Éric L. (eorchids)
Phalaenopsis speciosa est donc considéré comme synonyme de Phal. tetraspis pour des raisons d’antériorité du fait de sa description plus récente (speciosa). L’appellation Phalaenopsis speciosa var. tetraspis n’a donc même pas lieu d’être (nomen superfluum : nom illégitime)
À ma connaissance, très peu de plantes ont été observées in situ ; on manque donc cruellement d’informations. Je ne connais pas l’état actuel de préservation de l’espèce et n’ai jamais pu observer de photos de la plante dans son milieu ce qui ne facilite pas les recherches actuelles.
Cet archipel reste cependant privilégié malgré une occupation militaire par l’état Indien transformant certaines îles comme bases navales ce qui rend l’accès compliqué pour des expéditions scientifiques. Les îles sont fortement exposée aux tsunamis et aux séismes ce qui a pour conséquence une fragmentation des biotopes et potentiellement des espèces qui s’y trouvent…
Mon avis est que si on suit les caractères phénotypiques des deux espèces, il n’y a pas assez d’éléments pour l’acceptation d’une nouvelle, mais plus probablement d’une sous espèce. De plus, si on cherche des éléments valides il faut comparer les labelles, ces supposées différences restent très ténues, je n’arrive d’ailleurs pas à trouver les éléments recevables. Ces différences peuvent se retrouver au sein d’une autre espèce sans pour autant qu’elle soit divisée.
Encore faut-il posséder des plantes pouvant être comparées de façon objective dans un but scientifique et non commercial ; tout en supposant qu’il existe encore une population dans son milieu naturel.
Une possibilité est qu’en prenant en compte l’endémisme de l’espèce, sa présence sur différentes îles ainsi que son caractère sympatrique, on peut supposer que, comme pour Phalaenopsis mentawaiensis, une population s’est trouvée isolée d’une autre, une spéciation s’est alors mise en place jusqu’à ce que l’évolution fasse son œuvre pour créer un autre taxon génétiquement différent.
Informations et exemples sur la spéciation :
Faute d’échantillons sauvages et d’études de terrain il est compliqué de conclure. Seule une analyse du génotype mettrait au clair cette histoire comme le cas précédemment cité.
De plus les manipulations humaines ne nous aident pas à définir les limites de l’espèce tant elle est actuellement multipliée, hybridée et sélectionnée jusqu’à voir l’émergence de nouvelles formes horticoles.
Les premières plantes à être réapparues en culture vers 1990 sont bien celles qui sont fidèles aux premiers croquis alors qu’on pourrait croire que ce sont celles qui ont subi le plus d’altérations artificielles, ce qui me laisse songeur sur l’origine d’un tetrapis à petite macules, est-ce au final cette coloration qui est la plus rare (à l’origine) ou une création purement horticole ?
La seule mention historique par rapport à une fleur blanche avec de petites macules est-celle-ci, cependant je n’ai trouvé aucun croquis avec cette composition.
Qu'en est-il alors ? Le débat reste ouvert et avis aux suggestions et aux compléments d’informations.
Culture :
Ma plante fleurit plusieurs fois par an, jusqu’à trois fois sur les hampes déjà formées, parfois au profit de la vigueur de la plante qui se trouve affectée par cette profusion.
Il m’arrive souvent de sacrifier des hampes naissantes pour forcer la plante à terminer son cycle de feuilles/racines convenablement sans s’épuiser.
Il y a quelques années (c’est une de mes premières espèces de Phal) j’ai failli le perdre. Bien que rétabli maintenant je préfère privilégier le système racinaire à la floraison. J’ai réussi à avoir une certaine régularité dans la croissance.
C’est une espèce réputée capricieuse, les fleurs peuvent avorter prématurément de façon régulière sans que l’on sache vraiment pourquoi (déplacement, courant d’air, variations de température, arrosages irréguliers…). J’avoue avoir tendance à la tripoter quand les fleurs arrivent, ne serait-ce que pour les photos. Le bouton peut avorter tant qu’il n’est pas mature, c’est frustrant quand on touche l’éclosion du bout des doigts…
Après plusieurs cycles de floraison, j’en suis venu à la conclusion que l’intensité du marquage est principalement liée à la chaleur, les floraisons estivales sont bien plus maculées que maintenant.
Légère odeur de crème cosmétique pas désagréable mais peu puissante, sauf pic de chaleur matinal ce qui n’est plus trop le cas en ce moment.
Un détail que j’apprécie particulièrement c’est le pétiole qui est d’un blanc aussi immaculé que la fleur.
Quelques notions issues de ma culture qui n’engagent que moi, cependant il est utile de rappeler de toujours privilégier des techniques que vous maitrisez ou savez cohérentes à vos conditions. Pour rappel je cultive mes Phalaenopsis sous LED en intérieur toute l’année.
- Espèce qui demande un peu moins de lumière que ses semblables mais d’avantage de chaleur (Climat tempéré chaud – chaud).
- Substrat classique à base d’écorce moyenne, sphaigne ou granulé d’argile (pour une hydratation homogène du pot)
- Il faut absolument veiller à ce que la plante bénéficie d’une hydratation continue lorsque les boutons se forment, si la plante sèche trop les fleurs avortent.
- Pas de repos observé
Et voici les photos, je les aurais presque oubliées après tant de péripéties.
Et un petit bonus pour être arrivé à la fin du roman !
Je tiens pour finir à remercier Eric, Romain, Orchidsworld ainsi qu’une pensée pour lepetitmartien pour m’avoir inspiré et aidé dans la rédaction de ce vaste sujet.
Le site de Bernard Lagrelle est une source d’informations grandement appréciée pour celles et ceux qui veulent se cultiver sur les Phalaenopsis et leurs histoires.
Phalaenopsis tetraspis Rchb.f 1870
Endémique des îles Andaman et Nicobar et de Sumatra.
Pousse principalement en épiphyte sur les mangroves là où l’eau est encore douce et parfois en lithophyte au niveau de la mer.
J’ai décidé à mon échelle de mettre un peu plus en lumière ce cas très spécifique qui est encore sujet à controverse. Voici ce que j’en ai compris, bonne lecture.
La lutte entre Phalaenopsis tetraspis & speciosa.
L’espèce tetraspis est décrite en 1870 par Reichenbach, puis dix ans après c’est au tour de speciosa d’apparaître, tous deux à partir d’échantillons séchés récoltés au même moment (les herbiers ne retranscrivent que partiellement les couleurs on peut difficilement se baser là-dessus).
Les premiers éléments cités pour différencier les deux taxons ne font pas office d’arguments suffisants. (Floribondité -> dépend de la vigueur de la plante, taille des feuilles -> de son âge, morphologie des racines -> du support, période de floraison -> finalement similaire).
Les éléments suivant ont été avancé par Sweet en 1968 et font part de disparités entre les labelles
« Un lobe médian du labelle plus court, et une masse de trichomes plus arrondies qui est située dans le 1/3 inférieur du lobe médian. Chez tetraspis, les trichomes sont plus répartis dans une formation ovoïde qui remonte le long de la carène centrale. » description du croquis de Sweet par Éric L. (eorchids)
Phalaenopsis speciosa est donc considéré comme synonyme de Phal. tetraspis pour des raisons d’antériorité du fait de sa description plus récente (speciosa). L’appellation Phalaenopsis speciosa var. tetraspis n’a donc même pas lieu d’être (nomen superfluum : nom illégitime)
À ma connaissance, très peu de plantes ont été observées in situ ; on manque donc cruellement d’informations. Je ne connais pas l’état actuel de préservation de l’espèce et n’ai jamais pu observer de photos de la plante dans son milieu ce qui ne facilite pas les recherches actuelles.
Cet archipel reste cependant privilégié malgré une occupation militaire par l’état Indien transformant certaines îles comme bases navales ce qui rend l’accès compliqué pour des expéditions scientifiques. Les îles sont fortement exposée aux tsunamis et aux séismes ce qui a pour conséquence une fragmentation des biotopes et potentiellement des espèces qui s’y trouvent…
Mon avis est que si on suit les caractères phénotypiques des deux espèces, il n’y a pas assez d’éléments pour l’acceptation d’une nouvelle, mais plus probablement d’une sous espèce. De plus, si on cherche des éléments valides il faut comparer les labelles, ces supposées différences restent très ténues, je n’arrive d’ailleurs pas à trouver les éléments recevables. Ces différences peuvent se retrouver au sein d’une autre espèce sans pour autant qu’elle soit divisée.
Encore faut-il posséder des plantes pouvant être comparées de façon objective dans un but scientifique et non commercial ; tout en supposant qu’il existe encore une population dans son milieu naturel.
Une possibilité est qu’en prenant en compte l’endémisme de l’espèce, sa présence sur différentes îles ainsi que son caractère sympatrique, on peut supposer que, comme pour Phalaenopsis mentawaiensis, une population s’est trouvée isolée d’une autre, une spéciation s’est alors mise en place jusqu’à ce que l’évolution fasse son œuvre pour créer un autre taxon génétiquement différent.
Informations et exemples sur la spéciation :
Faute d’échantillons sauvages et d’études de terrain il est compliqué de conclure. Seule une analyse du génotype mettrait au clair cette histoire comme le cas précédemment cité.
De plus les manipulations humaines ne nous aident pas à définir les limites de l’espèce tant elle est actuellement multipliée, hybridée et sélectionnée jusqu’à voir l’émergence de nouvelles formes horticoles.
Les premières plantes à être réapparues en culture vers 1990 sont bien celles qui sont fidèles aux premiers croquis alors qu’on pourrait croire que ce sont celles qui ont subi le plus d’altérations artificielles, ce qui me laisse songeur sur l’origine d’un tetrapis à petite macules, est-ce au final cette coloration qui est la plus rare (à l’origine) ou une création purement horticole ?
La seule mention historique par rapport à une fleur blanche avec de petites macules est-celle-ci, cependant je n’ai trouvé aucun croquis avec cette composition.
Qu'en est-il alors ? Le débat reste ouvert et avis aux suggestions et aux compléments d’informations.
Culture :
Ma plante fleurit plusieurs fois par an, jusqu’à trois fois sur les hampes déjà formées, parfois au profit de la vigueur de la plante qui se trouve affectée par cette profusion.
Il m’arrive souvent de sacrifier des hampes naissantes pour forcer la plante à terminer son cycle de feuilles/racines convenablement sans s’épuiser.
Il y a quelques années (c’est une de mes premières espèces de Phal) j’ai failli le perdre. Bien que rétabli maintenant je préfère privilégier le système racinaire à la floraison. J’ai réussi à avoir une certaine régularité dans la croissance.
C’est une espèce réputée capricieuse, les fleurs peuvent avorter prématurément de façon régulière sans que l’on sache vraiment pourquoi (déplacement, courant d’air, variations de température, arrosages irréguliers…). J’avoue avoir tendance à la tripoter quand les fleurs arrivent, ne serait-ce que pour les photos. Le bouton peut avorter tant qu’il n’est pas mature, c’est frustrant quand on touche l’éclosion du bout des doigts…
Après plusieurs cycles de floraison, j’en suis venu à la conclusion que l’intensité du marquage est principalement liée à la chaleur, les floraisons estivales sont bien plus maculées que maintenant.
Légère odeur de crème cosmétique pas désagréable mais peu puissante, sauf pic de chaleur matinal ce qui n’est plus trop le cas en ce moment.
Un détail que j’apprécie particulièrement c’est le pétiole qui est d’un blanc aussi immaculé que la fleur.
Quelques notions issues de ma culture qui n’engagent que moi, cependant il est utile de rappeler de toujours privilégier des techniques que vous maitrisez ou savez cohérentes à vos conditions. Pour rappel je cultive mes Phalaenopsis sous LED en intérieur toute l’année.
- Espèce qui demande un peu moins de lumière que ses semblables mais d’avantage de chaleur (Climat tempéré chaud – chaud).
- Substrat classique à base d’écorce moyenne, sphaigne ou granulé d’argile (pour une hydratation homogène du pot)
- Il faut absolument veiller à ce que la plante bénéficie d’une hydratation continue lorsque les boutons se forment, si la plante sèche trop les fleurs avortent.
- Pas de repos observé
Et voici les photos, je les aurais presque oubliées après tant de péripéties.
Et un petit bonus pour être arrivé à la fin du roman !
Je tiens pour finir à remercier Eric, Romain, Orchidsworld ainsi qu’une pensée pour lepetitmartien pour m’avoir inspiré et aidé dans la rédaction de ce vaste sujet.
Le site de Bernard Lagrelle est une source d’informations grandement appréciée pour celles et ceux qui veulent se cultiver sur les Phalaenopsis et leurs histoires.
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Eric, frappé par la foudre orchidophile en 1980.
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